En 2007, l’écrivain de renommée international Tahar Ben Jelloun consacrait un texte à son ami le peintre Saâd Hassani. Nous puisons dans ses mots pour vous raconter ici la peinture de cet artiste singulier dont l’œuvre s’inscrit dans la modernité marocaine.
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Proche des artistes de l’Ecole de Casablanca, Saâd Hassani fait très tôt partie des cercles influents du monde de l’art tant au Maroc qu’en Europe. Dès ses débuts, à l’âge de 18 ans, de nombreuses expositions lui sont consacrées.
Tout au long de sa carrière, Saâd Hassani développe une touche picturale qui lui est propre selon la technique de l’effacement, par strate de couleurs qui s’ajoutent les unes aux autres faisant disparaître un motif pour en dévoiler un autre. Ainsi, au fil des coups de pinceaux se révèle le sujet, parfois tangible comme dans la série de l’Échiquier ou celle des Corps singuliers, souvent énigmatique dans ses toiles les plus abstraites.
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Nourri de la peinture des expressionnistes abstraits, l’artiste n’aura de cesse tout au long de sa carrière de s’éloigner de la forme. Alors que les toiles de la période dite de l'Échiquier sont structurées, introduisant des champs de forces dynamiques qui assoient la composition, les toiles les plus récentes s’attachent plus à la couleur et à sa force vibratoire.
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L’un de ces derniers corpus, au titre poétique de Chants de nuit marque une étape dans la carrière de l’artiste. Il entreprend alors la réalisation de grands monochromes dont la force émotionnelle témoigne de sa dextérité et de sa grande maîtrise de la couleur. Ici, toute trace narrative ou décorative sont effacées de la peinture. Les toiles immenses, réalisées à l’aide de pigments naturels mêlant le bleu et les nuances de beige rosé, de blancs et d’ocres, suscitent une émotion intense. Saâd Hassani peint le silence, les rêves qui s’éloignent, les obsessions qui se dissipent et le temps qui passe. Il peint la beauté du monde et sa douleur. Chacune de ces grandes toiles présentent dans sa partie centrale une bande horizontale incorporant l’intention d’un langage à la gestuelle affirmée, laissant percevoir les vibrations d’entrelacs de matière ouvrant sur un monde nouveau.
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« Hassani est l’homme qui attend, il prend le temps de lire, méditer, regarder le mouvement des saisons, la transformation des couleurs du temps »
Ses toutes dernières œuvres reprennent dans un format plus contenu, la gestuelle vitale déjà présente dans les Chants de nuit. Le mouvement obtenu par une succession de couches picturales dont l’artiste a fait sa singularité est ici au premier plan offrant au premier regard la présence physique de l’oeuvre dans son immédiateté. Ici la peinture domine et la puissance de l’abstraction est portée à son paroxysme, exaltant la force créatrice de l’artiste.
« Citant Stendhal, Baudelaire nous rappelle « qu’il y a autant de beautés qu’il a de manières habituelles de chercher le bonheur ». Je ne sais pas si Hassani cherche le bonheur à travers son œuvre, mais je sais que c’est un homme heureux quand il travaille, quand il sent naître chez lui cette pulsion venue de loin, l’obligeant à se mettre au travail ».
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