Focus sur Azemmour par Hicham Benohoud

16 - 31 Décembre 2020

Le Maroc est la principale source d’inspiration de l’artiste Hicham Benohoud. Il porte sur lui un regard tant poétique qu’onirique, nous entrainant à l’intérieur des maisons comme à l’orée des déserts. Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir la petite ville d’Azemmour à travers sa série éponyme.

  • Située à 16 km au nord d'El Jadida et à 72 km au sud ouest de Casablanca, à l'embouchure du fleuve Oum Errabiaa Azemmour a tout d’une cité touristique au passé glorieux. Sans doute établie sur l'antique cité d'Azama, elle fut occupée par les Phéniciens avant de tomber sous les mains des Carthaginois puis des Romains, période pendant laquelle Azemmour connut une période de prospérité.

     

    Cette série voit le jour à la suite d’une commande publique visant à mettre en valeur cette ville marocaine au patrimoine méconnu. Toutefois, plutôt que de s’attarder sur les monuments antiques, l’artiste a préféré immortaliser les enfants de la ville. Enfance insouciante !

     

    L’artiste nous explique que chacune des ses images est longuement pensée à l’avance.

  • « Je ne suis pas un adepte des instantanés. Mes mises en scène sont le fruit de plusieurs mois voire...

    Azemmour, 2007 (détail)

    « Je ne suis pas un adepte des instantanés. Mes mises en scène sont le fruit de plusieurs mois voire d’années de gestation. Je dessine des croquis, je les retravaille. C’est là que la séance commence. Pendant les prises de vue, il n’y a pas de place pour l’improvisation, mais tout est permis pendant les dessins préparatoires ».

  • Pour Azemmour comme dans sa série précédente, La salle de classe, l'artiste utilise le noir et blanc et la mise en scène pour servir son propos. Surprenants, décalés, parfois loufoques ou oniriques, les clichés réunissent les éléments du réel de manière inattendue, dans des situations insolites : ce qui nous semble familier et ordinaire devient alors étrange, énigmatique. Un enfant, tête droite, nous regarde. Fixement. Au dessus de son corps flotte un rameau d’épines. Une petite fille se tient, debout, bras croisés, deux bouteilles d’eau vide sont en lévitation de part et d’autre de son visage. Les lèvres pincées par un fil de nylon, deux gamins sourient, inéluctablement, tout comme cet enfant dont le visage est camouflé par un cannage composé d’élastique, le rendant invisible …

     

    Sans trucage, avec des bouts de ficelle, des bouts de rien, l’artiste bricole des mondes mentaux, intérieurs, presque surréalistes et nous suggère sa vision du monde.

  • « Dans mon travail artistique, je n’oriente pas le public et le laisse libre de toute forme d’interprétation. Même quand...

    Azemmour, 2007 (détail)

    « Dans mon travail artistique, je n’oriente pas le public et le laisse libre de toute forme d’interprétation. Même quand je parle d’Azemmour…, on ne voit pas la ville, toutes les scènes se déroulent dans un terrain vague ou dans des endroits qui ne sont pas reconnaissables »

  • Ainsi, Hicham Benohoud, définit-il sa démarche artistique comme le peintre Pierre Soulages parle de sa peinture : « Peindre,  c’est donner du sens à la vie. A la sienne d’abord, puis, si possible, à celle du regardeur. Mes tableaux sont des objets poétiques capables de recevoir ce que chacun est prêt à y investir à partir de l’ensemble de formes et de couleurs qui lui est proposé….Ma peinture est un espace de questionnement et de méditation où les sens qu’on lui prête peuvent venir se faire et se défaire. Parce qu’au bout du compte, l’œuvre vit du regard qu’on lui porte. Elle ne se limite ni à ce qu’elle est, ni à celui qui l’a produite, elles est faite aussi de celui qui regarde. Je ne demande rien au spectateur, je lui propose une peinture : il en est le libre et nécessaire interprète.»