En conversation avec Malika Agueznay comme en 68: Malika Agueznay comme en 68

10 - 31 Décembre 2020

Promouvoir la modernité marocaine a toujours fait partie des missions que s’est fixé la Loft Art Gallery depuis son ouverture. Si nous avons exposé à plusieurs reprises les grands noms de l’Ecole de Casablanca que sont Belkahia, Melehi ou encore Hamidi, c’est la 1ère fois que nous consacrons une exposition personnelle au travail de Malika Agueznay.

  • Artiste pionnière ayant pris part à la modernité marocaine, malika Agueznay a contribué, aux côtés des ténors de l’École de Casablanca, à en définir les codes. Avec eux, elle a questionné la peinture contemporaine et axé son travail sur l’étude des formes et de la couleur pure. C’est elle, qui développera le travail de gravure le plus abouti au sein du groupe et qui le défendra chaque année auprès de nouveaux élèves lors du Festival d’Asilah. Ses recherches sur la forme l’ont poussé à expérimenter des supports variés tels que le bois qu’elle utilise dès ses débuts en 1968. Peintre, puis sculpteur et graveur accomplie, Malika Agueznay apporte un soin tout particulier à l’équilibre entre les volumes, la surface et la matière. Les couleurs franches et la répétition  confèrent à l’ensemble de son œuvre une vibration intense.

     

    L’exposition que nous lui consacrons propose un retour sur ses premières années, alors qu’elle était étudiante à l’école des Beaux-Arts, et qu’elle découvrait le motif algué qui l’inspire encore aujourd’hui.

     

     À travers l’usage du bas-relief comme support, l’exposition mettra en lumière les recherches menées par l’artiste depuis 1968 sur cette forme générique qui a nourri son œuvre depuis ses débuts. Cette forme, que l’on ose nommer algue et dont chaque œuvre représente un fragment d’un ensemble plus complet qui témoigne d’un système pictural choisi et assumé par l’artiste. 

     

    Par cette exposition, c’est toute la puissance créatrice de Malika Agueznay à laquelle la galerie souhaite rendre hommage.  

  • Pouvez vous nous dire ce qui vous a poussé à vous inscrire à l’école des Beaux-Arts de Casablanca en 1966, alors que vous suiviez des études scientifiques ?

      

    J’ai toujours dessiné depuis mon enfance. J’étais sans cesse inspirée par la nature, avec toutes ses couleurs et ses formes. Celles des végétaux surtout. Ma mère à la campagne faisait des bouquets champêtres que je reproduisais avec mes crayons.

    Au moment de choisir ma voie professionnelle, j’ai préféré les arts à la science. C’est ainsi que j’ai choisi d’intégrer l’école des Beaux-Arts de Casablanca, à une époque qui, je ne le savais pas encore, allait marquer durablement l’histoire de l’art au Maroc.

  • « J’étais très attirée par les formes rondes, par les courbes, beaucoup plus que par les formes géométriques comme les...
    Sans titre, 2020, 154 x 154 cm

    « J’étais très attirée par les formes rondes, par les courbes, beaucoup plus que par les formes géométriques comme les traits ou les lignes droites, c’est peut-être mon côté féminin qui s’exprimait. C’est comme ça que l’algue est apparue. La nature, les végétaux ont eu aussi un très fort impact sur ma personnalité, cétait mon enfance… Je vivais à Marrakech mais j’allais très souvent à la campagne et la végétation était pour moi un grand émerveillement par ses formes et ses couleurs.»

     

    Malika Agueznay

  • A l’époque, la présence des femmes étaient plutôt râre dans le champs artistique. Comment avez-vous vécu ces années de formation aux côtés d’artistes comme Farid Belkahia, Mohamed Chebaâ ou encore Mohamed Melehi ?

     

    J ‘ai eu beaucoup de chance de vivre cette expérience de l’Ecole des Beaux Arts dans les années 1960. Lors de mes premières années, la formation était académique puis vint la période de recherche sur la contemporanéité de notre patrimoine. « C’était le Bauhaus au Maroc ». Elèves et professeurs travaillaient ensemble dans l’étude des formes de la géométrie et des couleurs. Les décors des tapis berbères, de la broderie traditionnelle, de la céramique et des bijoux étaient au cœur de nos expériences. Nous voyagions dans le sud (plafonds d ‘Anzi) et le nord du pays et montions des expositions publiques dans le but de sensibiliser les gens à la peinture abstraite. Nous développions de nouvelles orientations et expérimentions de nouveaux tels que la peau.

    Les professeurs et les élèves travaillaient en complémentarité générant une émulation d’une grande richesse plastique et intellectuelle.

  • «Etre graveur permet au peintre que je suis de me dédoubler et de réaliser tout ce que je ne peux...
    Sans tire, 2020

    «Etre graveur permet au peintre que je suis de me dédoubler et de réaliser tout ce que je ne peux faire en peinture. Et pourtant ma peinture et ma gravure se tiennent par la main, je le sens.»

     

    Malika Agueznay

  • La gravure a prit une place importante dans votre vie. Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette technique ? Qu’avez-vous trouvé de différent à travers cette pratique (notamment par rapport à la peinture) ?

     

    En 1978, j’ai été invité, avec d’autres,  à faire une peinture murale dans les rues de la ville, lors du 1 er festival d’art international d’Asilah (Moussem d’Asilah).

    Là-bas, j ai découvert la gravure à travers l’enseignement des grands maître-graveurs que sont Mohamed Omar Khalil, Robert Blackburn et Hector Saunier. Attirée par cette discipline que je considère comme un art majeur j’ai continué à me former et me passionner pour les nombreuses techniques qu’elle offre. Je suis allée à New York et Paris pour apprendre les subtilités de la gravure sur cuivre, zinc ou encore sur bois.

    Depuis je participe et anime l’atelier de gravure d’Assilah. Cela fait 40 ans !

  • Le motif de l’algue marine est récurente dans votre œuvre. Pourquoi ?

     

    L’algue est arrivée par hasard, en dessinant …

    Puis, je me suis intéressée à la forme, à sa multiplicité comme à la possibilité de la décliner à l’infini. L’algue m’apparaît aussi comme un élément essentiel à la vie. Le dictionnaire des symboles en donne cette définition : « Plongée dans l'élément marin, réservoir de vie, l'algue symbolise une vie sans limite et que rien ne peut anéantir, la vie élémentaire, la nourriture primordiale".

    A travers le geste de ma main, l’algue prend différentes formes que les historiens et critiques associent tantôt au corps féminin, tantôt aux cellules qui se multiplient ou encore aux volutes calligraphiques. L’ajout de la couleur apporte une dimension cinétique qui m’intéresse beaucoup.

  • Vous avez animé les ateliers de gravure lors du Moussem d’Asilah pendant de nombreuses années. En quoi, cet investissement personnel était-il important pour vous ? Y voyez-vous une continuité des idées défendues par le mouvement de l’Ecole de Casablanca ?

     

    Pour moi, c’était en quelque sorte une continuité de l ‘esprit de l’Ecole des Beaux-Arts. Les mêmes grands artistes y ont participé. M. Le Ministre Mohamed Benaissa et le peintre Melehi ont beaucoup œuvrer pour que ce Moussem culturel , unique au monde, évolue et soit connu au niveau national et  même international. Les plus grands artistes, peintres et graveurs du monde entier y étaient et sont toujours invités. Les échanges, les conférences, les dialogues étaient enrichissants et chargés de messages pour les jeunes artistes.

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  • Oeuvres disponibles

    • Malika Agueznay, Untitled, 2020
      Malika Agueznay, Untitled, 2020
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    • Malika Agueznay, Untitled, 2010
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