En conversation avec ... Saïdou Dicko

20 - 29 Juillet 2020

Cette semaine, nous vous invitons à découvrir le travail  de Saïdou Dicko, son parcours et ses préoccupations. Nous vous dévoilons également quelques-unes de ces toutes dernières créations à l’aquarelle.

  • L.A.G. : Vous avez grandi à Déou, au Burkina Faso où vous étiez berger pendant votre enfance. Quand et comment avez-vous décidé de devenir artiste ?

     

    S.D. : Et oui, en effet j’ai passé ma petite enfance à Déou au nord du Burkina Faso. Comme beaucoup là-bas, j’étais berger. J’étais fasciné par la beauté des paysages du Sahel et je pense que ma sensibilité d’artiste s’est développée à ce moment-là. Je voulais rendre compte de cette beauté et aussi la partager. Dessiner me procurait également beaucoup de joie et c’est ainsi que j’ai commencé à dessiner avec mon bâton de berger sur le sol, les ombres des arbustes et celles des mes animaux dans un premier temps puis j’ai continué à dessiner avec du charbon sur les murs puis sur des tissus que ma mère brodait jusqu’à mon départ à Ouaga quand j’avais neuf ans.

    Dans la grande ville, Ouaga, j’ai continué à peindre en fabriquant mes propres pigments à base des feuilles et de racines d’arbres.

     

    L.A.G. : Après avoir grandit au Burkina Faso, vous avez vécu au Sénégal avant de venir vous installer à Paris. Encore aujourd’hui,  votre travail représente l’Afrique. En quoi ce continent continue de vous nourrir et de vous influencer ?

     

    S.D. : Je me suis installée à Dakar, jeune homme, et j’y ai vécu cinq ans avant de m’installer à Paris en 2009. L’Afrique est présente dans mes œuvres, oui. Elle ne cesse de m’influencer. J’y suis né, j’y ai grandi et elle fait partie de mon ADN. Le Sahel tout particulièrement. J’aime lui rendre hommage à travers mon travail.

    Je n’oublie pas pour autant que j’ai eu la chance de voyager sur plusieurs continents ; aux Etats-Unis, en Asie et même jusqu’en Océanie à l’autre bout du monde. En Europe également… Tous ces voyages sont présents dans mon travail au même titre que l’Afrique et il n’est pas rare que mes personnages se retrouvent transportés dans les grandes mégalopoles que sont New-York, Tokyo ou Sydney.

  • L.A.G. : Vous êtes souvent présenté en tant que photographe, toutefois, votre pratique artistique comprend également le dessin et la vidéo. Comment vous définiriez-vous et quels sont les thèmes que vous développez à travers ces différents médiums ?

     

    S.D. : On me présente comme photographe car mon travail a été découvert lors d’une exposition photo dans le off de Dak’art en 2006. S’il est vrai que je pratique régulièrement la photographie, mes premiers gestes artistiques étaient picturaux, à l’aide de charbon et de pigments naturels. C’est plus tard, à Ouagadougou puis Dakar que j’ai commencé à utiliser d’autres médiums tels que la photographie, la vidéo ou l’installation.

    Je me définis d’ailleurs en tant qu’artiste plasticien. J’utilise mon appareil photo comme le peintre son pinceau.

    Plusieurs thématiques me passionnent. Parmi elles se trouve l’humain, les partages et la nature qui pour moi sont au cœur de tout. Les fils conducteurs sont l’hombre et l’imaginaire enfantin qui me renvoient sans cesse à mes racines de jeune berger, au sahel.

  • L.A.G. : Votre série la plus connue est The shadowed people que nous présentons à la galerie. Elle se développe...

    Saïdou Dicko, Vélo, dame, blanc, 2019

    L.A.G. : Votre série la plus connue est The shadowed people que nous présentons à la galerie. Elle se développe autour des ombres. Pouvez-vous nous en dire plus ?

     

    S.D. : La série The Shadowed People est la suite de la série Le voleur d’ombres. Dans cette première série, je photographiais uniquement les ombres laissant le spectateur créer l’histoire. Aujourd’hui dans cette nouvelle série que présente la galerie je photographie des personnages que je transforme en ombre, en appliquant de la peinture noire sur leurs corps. C’est une façon de fusionner la photographie et la peinture, pour faire chaque photo une œuvre unique.

     

  • L.A.G. : Vous continuez à décliner cette même série en la personnalisant par l’ajout de peinture noire, réalisant ainsi des pièces uniques pour chacun des clichés. Qu’est-ce que l’ajout de peinture représente pour vous ? Comment vous est venu l’idée ?

     

    S.D. : N’oublions pas que c’est la peinture qui m’a amené vers la photographie et cette dernière a pris beaucoup de place. L’idée m’est donc venue de peindre sur les photos pour faire cohabiter les deux.

    Plus récemment, le fait de peindre sur mes photos, m’a ramené au dessin et a donné naissance à une nouvelle série. The drawings Shadowed People représentent un série d’encre et d’aquarelle sur papier dont la thématique puise une fois encore dans mes souvenirs d’enfance.

     

    L.A.G. : Votre travail possède une identité visuelle très forte avec un sens de la couleur et de l’équilibre qui caractérisent vos oeuvres. Vous apportez à chacune de vos images une touche poétique alors que les sujets relèvent parfois d’une réalité difficile. D’où vous vient ce regard si tendre que vous portez sur l’homme et l’enfant en particulier ? Comment cela vous inspire-t-il?

     

    S.D. : Dans mon travail j’essaye de partager la joie et la beauté qui nous entourent. Je tente de voir le beau en toute chose tant dans les sujets difficiles que dans les gestes simples du quotidien ou encore dans les jeux d’enfants.

    Mon regard est celui d’un enfant heureux et c’est pour cela que les enfants tiennent une place importante dans mon travail. Les enfants reflètent la joie, l’insouciance, la curiosité, autant de sentiments qui sont pour moi la définition d’un être humain comblé.

     

    L.A.G. : Avez-vous conscience de sublimer tout ce sur quoi vous portez votre regard ?

     

    S.D. : Non, pas le moins du monde.

  • L.A.G. : Pouvez-vous partager avec nous quelques –uns de vos projets à venir ?

     

    S.D. : A l’avenir, je vais continuer à travailler sur la série de dessins The drawings Shadowed People. Pour le moment,  toujours à l’aquarelle sur du papier. Par la suite j’aimerais expérimenter des plastiques sur tissu en coton tissé entièrement à la main. C’est un projet que j’ai en moi depuis longtemps dans les tiroirs de mon atelier et qui va enfin voir le jour très prochainement. L’idée qui m’anime ici est de mélanger les opposés, le tissage de coton fait à la main selon des techniques ancestrales et les sacs plastique, qui remplace trop souvent la verdure de nos paysages...particulièrement en Afrique où il est fréquent de voir des arbres dont les seuls fruits sont des nués de sacs plastiques multicolores accrochés aux branches.

  • Pour aller plus loin ...

    Biographie de l'artiste

    Le magazine "La croix l'hebdo" lui a consacré un dossier spécial à découvrir ici

  • Oeuvres disponibles

    • Saidou Dicko, Bras tendu zebra, 2019
      Saidou Dicko, Bras tendu zebra, 2019
      View more details
    • Saidou Dicko, Futur Supermarché, 2019
      Saidou Dicko, Futur Supermarché, 2019
      View more details
    • Saidou Dicko, La nature, 2019
      Saidou Dicko, La nature, 2019
      View more details
    • Saidou Dicko, Le prince et les princesses, 2019
      Saidou Dicko, Le prince et les princesses, 2019
      View more details
    • Saidou Dicko, Pekin, 2019
      Saidou Dicko, Pekin, 2019
      View more details
    • Saidou Dicko, Le portail, 2019
      Saidou Dicko, Le portail, 2019
      View more details
    • Saidou Dicko, Confortable, 2019
      Saidou Dicko, Confortable, 2019
      View more details
    • Saidou Dicko, Je risquerais ma vie pour vous offrir des fleurs, 2019
      Saidou Dicko, Je risquerais ma vie pour vous offrir des fleurs, 2019
      View more details
    • Saidou Dicko, La chance, 2020
      Saidou Dicko, La chance, 2020
      View more details
    • Saidou Dicko, La princesse du Dimanche, 2020
      Saidou Dicko, La princesse du Dimanche, 2020
      View more details
    • Saidou Dicko, Le banc du chevreau, 2020
      Saidou Dicko, Le banc du chevreau, 2020
      View more details
    • Saidou Dicko, Le chevreau d'Oum Kalthoum, 2020
      Saidou Dicko, Le chevreau d'Oum Kalthoum, 2020
      View more details